Dans le cadre de la manifestation IN SITU Patrimoine et art contemporain 017, Claude Viallat a été invité à dialoguer avec la collection du Musée d’Art et d’Histoire de Narbonne en disposant ses œuvres dans différentes salles du musée, dans une proximité aussi inédite que provisoire avec les maîtres de l’orientalisme et les consuls de Narbonne.

Une peinture nomade

« Mon travail, c’est un rapport à l’Histoire de l’art.»* Cette phrase peut être le préambule de l’exposition de Claude Viallat au sein des collections du Musée d’art et d’histoire de Narbonne et pose deux questions : celle du rapport qu’il entretient avec l’Histoire et celle du lieu de sa peinture. Il n’y a pas d’œuvre sans héritage, sans un regard en arrière ou de côté sur le travail des autres. Qu’il s’agisse de Matisse ou de Picasso, de Hantaï, de la peinture américaine, d’Auguste Chabaud ou des arts premiers, les hommages que Claude Viallat a exprimés se sont déclarés a postériori, dans une forme de re-connaissance et de connivence, liées au support, à la couleur ou à la découverte d’une continuité de l’histoire de la peinture. Quant au lieu de la peinture, Viallat n’a cessé de le questionner depuis qu’il a substitué la toile libre au tableau de chevalet. Dès la fin des années 60, il exploré de multiples modes d’exposition, dans des espaces naturels (bords de mer, carrières) ou urbains (rues, façades), à l’extérieur comme ce fut le cas à Coaraze en 1969 ou dans des lieux improbables (arènes, immeuble désaffecté etc.), souvent loin des institutions.

Le goût de l’aventure est indissociable du voyage, de la rencontre avec l’inconnu de situations non anticipées qui constituent l’essence même de son œuvre. Cette expérience s’est aussi portée au sein des collections de certains musées, les œuvres ou objets de Viallat s’installant, sans déplacer l’accrochage, dans les espaces laissés vacants entre les tableaux ou dans les parties abandonnées de l’architecture. L’enjeu : faire circuler le regard du visiteur autrement, sans s’attacher à une logique formelle ou symbolique, mais dans une équivalence qui permet surprises, contradictions, humour. Dans les toiles, un même rapport dialectique se noue entre ce qu’il peint et les supports qu’il prend tels quels. Les marques ou empreintes picturales jouant des espaces des supports, formats, éléments de couleurs, signes divers etc. Rapport que l’on peut aussi retrouver entre ces toiles et leurs lieux d’exposition : galeries, musées ou bâtiments qui ne leur sont originellement pas dédiés. De cette confrontation, naissent l’inattendu, l’inconvenu, l’impensable**. La peinture de Claude Viallat est nomade, capable d’un dialogue spontané, improvisé avec tous les environnements. Elle travaille avec l’espace qu’elle occupe, en questionne les vide et les pleins, jusqu’à trouver le point d’équilibre ou d’accord satisfaisant. Cet art de l’expérience relève d’une pratique existentielle de la peinture, d’un engagement qui se nourrit d’un contact permanent avec le monde.

* Claude Viallat, œuvre, écrits, entretiens, Pierre Wat, page 95, éditions Hazan, 2006

** Extrait d’un texte de Claude Viallat datant d’avril 2005, page 100, dans Claude Viallat, œuvre, écrits, entretiens, Pierre Wat, éditions Hazan, 2006

Claude Viallat, Hommage à Zeuxis, 2015
David Huguenin

Palais des Archevêques de Narbonne

L’ancien palais des Archevêques, qui se signale par plusieurs tours, donjon Gilles Aycelin (fin XIIIe- début XIVe), tours Saint-Martial et de la Madeleine (XIIIe siècle), comprend le palais Vieux, d’origine romane, et le palais Neuf, de style gothique, remanié aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Il s’appuie sur la première enceinte de Narbonne, à l’arrière de laquelle s’étend le jardin de l’Archevêché.
Depuis le XIXe siècle, il accueille l’hôtel de ville, le musée d’Art et le musée archéologique. Avec la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur, le palais épiscopal constitue l’ensemble monumental de la ville de Narbonne.

Claude Viallat

Né à Nîmes en 1936, Claude Viallat a utilisé, dès 1966, une forme neutre, ni géométrique, ni décorative, ni figurative, répétée sur une toile libre, sans châssis, en suivant un principe précis : l’alignement régulier des empreintes ou des contours de cette forme. Parallèlement, Claude Viallat a développé, à partir des années 70, un travail réalisé avec des bois flottés, des morceaux de tissus, des restes d’outils, des cordes ou des filets qu’il désigne sous le terme « d’objets » ; un autre type d’œuvres sont les « cerceaux » où la précarité du dispositif rappelle les jeux d’enfant.

Ces trois dimensions ne résument évidemment pas l’œuvre de Claude Viallat, mais elles permettent d’aborder trois aspects du travail ininterrompu de cet artiste, membre fondateur de Supports/Surfaces en 1970, et dont les œuvres sont présentes dans les plus importantes collections publiques et privées, en France et à l’étranger.

Informations

  • Horaires d’ouverture

    Tous les jours de 10h à 18h

  • Tarif

    Entrée libre

  • Horaires de médiation juillet/août

    Du mardi au samedi de 10h à 13h et de 14h à 18h

  • Adresse

    Palais épiscopal
    Place de l'Hôtel de ville
    11100 – Narbonne
    43°11'02.1"N 3°00'14.3"E
    Voir le plan
  • Contacts

    Mairie de Narbonne
    04 68 90 30 30
    narbonne.fr